Les coupe-choux Dovo : une histoire centenaire

L’origine de Dovo

Les coupe-choux Dovo naissent en 1906, lorsqu’un jeune homme nommé Carl Dorp fonde à Solingen une entreprise exclusivement dédiée à la fabrication de rasoir droits (coupe-choux). Il choisit comme logo un chevalier tenant un marteau et une épée, comme symbole du processus de fabrication et de la recherche de la perfection qui l’anime. Afin de mettre toutes les chances de son côté, Carl s’associe avec un marchand local déjà implanté, Carl Arthur Voos. Les deux Carl nommèrent leur entreprise Dorp & Voos, rapidement abrégée pour devenir DOVO.

Solingen, la ville du coupe-choux

L’entreprise fit le choix de s’installer à Solingen car c’est là qu’on y trouvait les ouvriers maîtrisant le savoir-faire nécessaire à la fabrication de lames. Solingen devint d’ailleurs rapidement une ville de renommée mondiale pour la qualité des produits de coutellerie fabriqués par ses nombreux artisans. En 1938, la mention Solingen fut protégée et réservée à certains artisans, dont Dovo, ce qui donna encore plus de valeur aux produits estampillés « Made in Solingen ».

Ancien document Coupe-Cgoux Dovo — Coupe-choux Dovo Solingen et ancien document.

Dovo, le développement commercial

L’entreprise semble avoir rencontré un beau succès dès ses débuts car des documents d’archives datant de 1907 font mention d’un atelier contenant une forge et 47 employés ! Néanmoins, après la première guerre mondiale, l’entreprise se trouve contrainte à être dissoute et Carl Dorp reste le seul et unique associé. Pendant l’entre-deux guerres, il commence à déléguer la gestion à son gendre qui sut capitaliser sur le savoir-faire de Dovo pour emmener l’entreprise au rang des plus reconnues de Solingen.

Juste avant que n’éclate la Seconde Guerre mondiale, Dorp décide de tirer sa révérence. L’entreprise s’était alors considérablement développée, notamment commercialement avec une présence dans toute l’Europe de l’Ouest et les Etats-Unis. C’est Fritz Bracht, un fabricant de coupe-choux expérimenté et bien connu à Solingen, qui racheta cette société florissante aux deux fondateurs. Ayant survécu à la Seconde Guerre, il pensa le plus dur derrière lui mais rapidement il dut faire face à l’arrivée d’un concurrent sérieux : le rasoir électrique.

Il décida alors de se diversifier dans les ciseaux à cheveux. Pour cela il alla étudier auprès des salons de coiffure de sa ville d’enfance ce qui faisait la particularité d’un bon ciseau à cheveux. Ce pari s’avéra judicieux car les ciseaux devinrent rapidement un succès et lui permirent de relancer l’entreprise.

Les acquisitions de marques de coupe-choux

A cette stratégie de diversification de produits, suit une autre stratégie de développement : l’acquisition d’autres marques. Ainsi Dovo fit l’acquisition dans les années 50 de trois marques de coupe-choux : en 1952 la marque Tennis et en 1957 la marque Bismarck ainsi que la marque Ankerflagge de l’entreprise Carl Rader. Ces acquisitions lui permirent d’acquérir à chaque fois des artisans au grand savoir-faire et des clients fidèles à ces marques de coupe-choux renommées.

Dans les années 60 l’entreprise fit l’acquisition des couteaux de poche du fabricant Erich Hartkopf et ajouta la marque de coupe-choux Kronpunkt de l’entreprise Heus à son catalogue.

Dans les années 70 Dovo s’empara des coupe-choux Fontana ainsi que ceux de Heus & Hermès.

Les rasoirs Merkur

Enfin en 1996, Dovo acquit la célèbre manufacture de rasoir Merkur. L’histoire de Merkur est assez similaire. La manufacture fut fondée en 1896, également à Solingen, par Emil Hermes. Le nom de marque Hermes étant alors déjà pris et reconnu à travers l’Europe, il choisit le nom du messager des dieux romains et également dieu du commerce : Merkur. Spécialiste de coupe-choux puis dès le début du XXième siècle également de rasoirs de sécurité à peigne, Merkur connut une forte expansion en grande partie permise par la réputation de qualité de ses produits et sa capacité à innover.

Avec ce développement à marche forcée, Dovo-Merkur est devenu ces dernières décennies un leader incontesté du rasage traditionnel. Certains de ses modèles sont aujourd’hui cultes ou sont devenus des références best-sellers de leur catégorie. On peut citer les Bismarck, Bergischer Löwe ou encore Prima pour la marque Dovo, et chez Merkur les 34C, 23C, Progress et bien sûr l’incontournable Futur.

L’inventeur de la shavette ?

Dovo dépose la marque “Shavette” dans les années 1980 pour un rasoir droit bien particulier… En effet sa lame n’est pas forgée, il s’agit plutôt d’un porte-lame, utilisant une lame de sûreté ! Celle-ci est alors plus longue que le standard que l’on retrouve dans les rasoirs de sûreté Merkur, par exemple. Mais la forme de la Shavette est en tous points similaire à un coupe-choux.

Ce rasoir et cette lame, fabriqués dans les ateliers de Dovo à Solingen, ne sont pas tout à fait uniques pour l’époque. En effet les rasoirs “Durham Duplex”, datant du début du XXème siècle, proposaient déjà une forme similaire à un coupe-choux mais avec une lame jetable à double tranchant. Toutefois, ils sont tombés dans l’oubli, comme beaucoup d’autres marques iconiques de leur époque…

Cette (ré)invention a toutefois tellement révolutionné l’utilisation des rasoirs de barbier qu’aujourd’hui le terme “shavette”, bien que toujours protégé par Dovo, est passé dans le langage courant des barbiers pour désigner un rasoir droit à lame interchangeable. Et monde à l’envers, certains utilisateurs parlent de rasoirs type-shavette en disant “coupe-choux”… La boucle serait-elle bouclée ?

Trouver les shavettes Dovo ici.